Foire aux questions équitable

Partons avant tout de la définition de ce que c’est, en bref, qu’un prix équitable. D’un point de vue quantitatif, c’est un prix payé aux producteurs qui leur permet :

• de couvrir les frais de production
• de couvrir les frais de vie quotidienne (nourriture, santé, éducation…)
• si possible, d’épargner pour investir

Loin de se limiter aux seuls aspects quantitatifs (rémunération, prix), le commerce équitable apporte un soutien plus global aux producteurs. En effet, il comprend également :

• une relation commerciale durable
• des préfinancements possibles
• des conditions de travail dignes
• des opportunités de débouchés, voire, pour certaines catégories marginalisées, de travail
• un mécanisme de fixation des prix, qui permet d’éviter les variations trop importantes en cas de prix du marché bas
• une relation humaine qui permet des échanges, des négociations, des rencontres entre citoyens du Sud et du Nord

Ainsi, dans la pratique, nous savons que nos producteurs, d’artisanat comme d’alimentaire, sont payés plus cher que la moyenne nationale. Ce surplus leur permet, non seulement d’investir pour améliorer leur production, mais également de mener des projets sociaux d’envergure (sanitaires, éducatifs…).

Concernant la répartition des marges sur les filières Artisans du Monde, vous trouverez dans tous nos magasins les informations sur la décomposition des prix de certaines de nos filières. Or, ce type de décomposition de prix met en évidence que, finalement, le prix équitable semble profiter davantage aux intermédiaires du Nord (transport, distribution…) qu’aux producteurs du Sud, raison pour laquelle on nous reproche souvent que c’est toujours au Nord qu’il y a la plus grande part de la valeur ajoutée !

D’un point de vue quantitatif, ce constat est vrai : les pourcentages du prix de vente final vont majoritairement aux acteurs du Nord. Mais est-ce choquant ? A cet égard, plusieurs considérations sont à faire, car une comparaison des prix via des pourcentages et des valeurs absolues peut souvent être incomplète et il est donc important, en premier lieu, de relativiser ces résultats selon le niveau de vie des pays concernés : ce qui représente 3 euros en Afrique n’a rien à voir avec ce que cela représente en France, en termes de pouvoir d’achat notamment ! Deuxièmement, les pourcentages s’expriment sur 1 unité de produit : il est donc normal qu’une boutique, qui ne vend que quelques unités de ce produit, fasse une marge plus importante qu’une organisation de producteurs qui en vend des milliers.

Enfin, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que n’est pas choquant, en soi, que des acteurs de la filière dégagent des marges : c’est même nécessaire pour que ces filières puissent exister ! La vraie question est de savoir si ces marges sont “raisonnables”, réparties équitablement (et non “également” !) parmi tous les acteurs de la filière et comment elles sont utilisées.

Dans notre filière Artisans du Monde, notamment, tous les acteurs de la chaîne (de la production à la vente) sont des organisations de commerce équitable. Les prix pratiqués cherchent uniquement à rendre viable la filière, en couvrant les frais de fonctionnement des différents acteurs, du producteur et de la productrice, à l’importateur, au revendeur. De plus, si bénéfices il y a, ils seront forcément réinjectés dans les actions de commerce équitable, au Sud comme au Nord.