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Paroles de bénévole : Pierre-Louis

le 27 novembre 2020 par Artisans du Monde Châtenay-Clamart

Pierre-Louis Fritzner, est devenu bénévole dans notre association après le forum des associations qui s’est tenu le 5 septembre 2020. Pierre-Louis est haïtien.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et décrire votre parcours ?

J’ai obtenu un diplôme d’Ingénieur-Agronome à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire de l’Université d’État d’Haïti (FAMV/UEH) en 2017, au sein de laquelle j’avais commencé à travailler cette même année en tant qu’assistant professeur-chercheur jusqu’en 2019. Parallèlement, j’ai collaboré en tant que bénévole à l’association Haïti Care. Le développement socio-économique a toujours été au cœur de mes préoccupations. C’est dans ce contexte que j’ai entrepris un premier master en gestion des Écosystèmes Agricoles et Forestiers en 2019, puis un second master en gestion de Projets de Développement Durable au Sud afin de pouvoir apporter ma contribution dans le développement de mon pays d’origine.

Zoom sur la situation d’Haïti

Haïti, plus connue comme la première République noire indépendante, partage l’ile d’Haïti avec  la République Dominicaine, l’une des grandes Antilles située au cœur de la mer des Caraïbes. Ses belles plages, sa gastronomie et ses sites historiques font de l’ancienne perle des Antilles une destination touristique incontournable de la Caraïbe. Malgré son passé glorieux, l’ancienne colonie française est actuellement  classée parmi les 20 pays les plus pauvres au monde avec un PIB par habitant de 756 $ USD et un indice de développement humain le classant 169 sur 189 pays en 2019 selon la Banque Mondiale. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 2 euros par jour ne sont pas ou peu scolarisés et souffrent de pénurie alimentaire. C’est aussi un pays extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles, à rappeler que le séisme de 2010 avait causé plus de 300000 morts et des pertes estimées à 7,9 milliards de dollars USD, suivi de l’ouragan Matthew en 2016. La population haïtienne est majoritairement jeune, avec une espérance de vie de 64,3 ans, la plus basse dans sa région. Le pays a encore un taux d’analphabétisme très élevé et une inégalité de genre remarquable. Selon les résultats publiés par l’UNESCO  en 2016, 65,3 % des hommes  de 15 ans et plus sont alphabétisés contre 58,3% pour les femmes. Cette inégalité se remarque dans les études supérieures, les emplois et les instances de décision. L’économie haïtienne reposait essentiellement sur la production agricole, qui s’est effondrée au détriment des produits importés. Le pays connait depuis un certain temps une émigration importante ; c’est surtout les travailleurs qualifiés et la main d’œuvre agricole qui émigrent pour aller chercher ailleurs une vie meilleure. Aujourd’hui le niveau d’insécurité est très élevé et la violence criminelle est telle que les ambassades mettent en garde les visiteurs étrangers. Les bouleversements politiques continuent d’alimenter l’instabilité, entravant ainsi le développement socio-économique du pays.

Parlez-nous de votre association Haïti Care, de la première idée à aujourd'hui ?

En 1985, une famille allemande a adopté une orpheline de SOS Village d’enfants nommée Natacha MARSEILLE. Apres son bac, elle a fait une formation pour devenir jardinière d’enfants selon la pédagogie Montessori. Voulant aider les enfants démunis, elle a décidé de se mettre au service des enfants des quartiers défavorisés en fondant la maison des enfants du village de l’avenir (MEVA) en 2004, puis Haïti Care de concert avec ses parents adoptifs.

Depuis 2004, MEVA & HaitiCare e.V. offre de l’aide aux enfants en difficulté afin d’avoir accès à une éducation de qualité. Les bénéficiaires ont la possibilité de fréquenter l’Institution Mixte de l’Avenir (IMA) de la maternelle au 3e Cycle fondamental avec un modeste budget et d’avoir un accompagnement jusqu’au baccalauréat. Aussi, l’organisation recueille des orphelins et des enfants abandonnés au foyer des anges d’Haïti où ils sont complètement pris en charge jusqu’à leur majorité ou jusqu’à 18 ans. Au-delà, l’organisation les accompagne dans l’acquisition de leur indépendance en finançant leur installation et en les aidant à trouver un emploi à temps partiel au cours de leur formation professionnelle.

A côté de la formation académique, l’organisation offre des formations aux bénéficiaires afin de les encourager à être indépendant et à gagner de l’argent de poche car l’emploi jeune est inexistant en Haïti. C’est en ce sens que les jeunes font de la couture, de la broderie, de l’art floral, de l’art plastique, de la peinture,  du théâtre, de la danse, et même de l’élevage et du jardinage. Notre objectif principal est de favoriser l’émergence d’une communauté de jeunes leaders capables de promouvoir une société plus équitable.

 

Une action vous a particulièrement marqué, laquelle ?

En 2017, nous avons lancé un projet « Jardin chez vous »  avec les enfants afin de promouvoir la culture des potagers dans les petits espaces, même dans des espaces non destinés. Nous étions émus de voir que beaucoup de parents ont été inspirés de nos modèles pour réaliser leurs propres potagers.

Quelles sont les moyens d’Haïti Care ?

L’équipe est composée de cinq permanents, de 28 bénévoles haïtiens auxquels il faut ajouter des bénévoles étrangers 3 ou 4 par an qui assurent des cours de langue (anglais, français, allemand) et animent des camps d'été.

L’association est financées grâce à des dons et des parrainages, les frais de scolarité, la vente des uniformes confectionnés dans l’atelier et de cartes de Noël, de bracelets, de porte-clés, de boucles d'oreille et d'autres articles des enfants.

Quels sont les projets d’Haïti Care ?

Nous avons la volonté d’étendre notre programme jusqu’au niveau du Bac, puis au support pour les études supérieures  pour les jeunes méritants et en difficulté. Apres le bac, certains jeunes sont livrés à eux-mêmes et n’arrivent pas à accéder à l’université, et ne peuvent même pas se payer une formation professionnelle. Actuellement, nous travaillons à la rénovation de notre atelier de couture qui fabriquait les uniformes pendant l’été. Cet atelier fournissait plus de 40 emplois jeunes pendant l’été et les uniformes étaient revendus à prix coutant aux gens du quartier.

Quels seront les défis futurs pour Haïti pour les prochaines prochaines années ?

Les défis identifiés sont :

·         augmenter le taux de scolarisation afin de réduire le taux d’analphabétisme et l’inégalité de genre

·         réduire l’extrême pauvreté par la création d’emploi qui permettrait d’améliorer la sécurité alimentaire

·         relancer la production agricole et d’augmenter la couverture arborée et/ou forestière

·         améliorer l’accès au soin de santé de la population

·         rétablir la sécurité publique et l’état de droit

·         réduire la migration de la classe intellectuelle vers l’international

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