Cet article a été rédigé suite à un entretien avec un représentant de Copropap.
Les projets miniers mettent en péril l’exceptionnelle biodiversité de la zone, déclarée réserve de biosphère du Choco Andino par l’UNESCO en 2018. Sur ce territoire, près de 90% de la population vit de la culture de la canne à sucre et la majorité est issue de l’agriculture biologique. La zone de Pacto est d’ailleurs surnommée la capitale de la panela bio ! Les productrices et producteurs sont très inquiets car les activités minières sont incompatibles avec les activités agricoles biologiques, ce qui menace fortement leurs labels. En effet, l’extraction de minerais engendre le défrichement de la forêt primaire, une pollution de l’eau ainsi que des sols.
Le gouvernement équatorien soutient depuis des décennies les entreprises extractivistes, souvent étrangères, pour des raisons économiques et politiques. En 2019, l’Etat a évoqué des mines responsables et respectueuses de l’environnement, ce qui n’a fait qu'accentuer la colère des communautés locales. De plus, le gouvernement a concédé des territoires aux exploitations minières de manière illégale, sans permis d’activité.
Au-delà des conséquences environnementales, les activités d’extractivisme ont des impacts sociaux. Cela engendre des divisions dans les communautés car une minorité d'habitants voit ces exploitations comme une source d’emploi. Pour Rubén Tufino, gérant de COPROPAP, ces activités ne sont qu’une solution financière temporaire et qui demande une main-d'œuvre jeune et dynamique. Il assure que la véritable source d’emploi durable dans la région est dans la production de sucre panela biologique et équitable et qu’il est nécessaire de la valoriser.
Depuis le début de l’année, les communautés de Pacto font un sit-in afin d’empêcher les camions miniers de sortir des concessions. Bien que le processus soit très long, Ruben Tufino reste optimiste. Le mois dernier, malgré la récente élection à la tête du pays du conservateur Guillermo Lasso, cette lutte a été reconnue par l’Assemblée nationale, qui est depuis quelques semaines présidée par une députée du parti indigéniste Pachakutik. Ceci est une première pour ce parti politique dans la pays et offre un espoir de soutien et de changement pour les activistes.
Au mois d’avril dernier, Artisans du Monde a rédigé une lettre de soutien à COPROPAP afin d’appuyer leur mobilisation et alerter d’autres organisations de solidarité internationale. Ces projets miniers sont contraires aux valeurs du commerce équitable que nous promouvons, et il est nécessaire d’appuyer nos partenaires dans leurs pratiques afin de construire un monde plus juste, solidaire et durable.
Pour en savoir plus sur la situation politique en Equateur :
www.lemonde.fr/international/article/2021/05/25/equateur-investiture-de-guillermo-lasso-a-la-presidence-de-la-republique_6081323_3210.html
www.lemonde.fr/international/article/2021/04/12/equateur-le-conservateur-guillermo-lasso-elu-president-apres-la-defaite-de-la-gauche-correiste_6076475_3210.html
www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20210516-%C3%A9quateur-guadalupe-llori-%C3%A9lue-pr%C3%A9sidente-de-l-assembl%C3%A9e-une-premi%C3%A8re-pour-le-parti-indig%C3%A8ne