La remise en cause de la règle d’or : le 100% équitable
«Tout ce qui peut être équitable dans un produit doit l’être ». Pourtant ces nouveaux labels permettent à un produit labellisé FTI-Max Haavelar comme une barre chocolatée de ne contenir qu’un seul ingrédient issu du commerce équitable (le cacao par exemple) et pas obligatoirement les autres ingrédients (le sucre par exemple).Le nouveau système de FTI répond à une demande croissante de produits issus du commerce équitable des multinationales qui y voient une belle opportunité de proposer des produits portant un label de commerce équitable, et donc communiquer sur leur pratique sociétale, à moindre frais et sans en accepter toutes les contraintes, sans remettre en cause leur fonctionnement et leurs marges.
Derrière un logo FTI (même si les logos sont légèrement différenciés), il y aura des produits « 100% CE » et des produits contenant un seul ingrédient équitable : que va comprendre le consommateur ?
Les acteurs qui prônent le 100% équitable souhaitent évidemment accroitre la part de l’équitable dans le commerce mondial mais sans revoir à la baisse les exigences de celui-ci.
Un pari risqué pour l’ensemble des acteurs
Bien sûr cela ouvrira des marchés à certaines organisations de producteurs, mais lesquelles ? Est-ce vraiment destiné aux organisations existantes qui n'auraient pas assez de marchés ou à des structures type plantations créées ex nihilo, pilotées par les multinationales et taillées pour répondre aux besoins de volumes de ces entreprises ? Si ce n’est pas le cas aujourd’hui, fort à parier que nous nous dirigeons vers cela à court et moyen terme (plantation, agriculture de contrat, etc.)? Quid de la finalité du commerce équitable qui est de permettre l’autonomie et le développement des producteurs et de leurs organisations ?
Enfin, quelles possibilités pour le consommateur de dissocier ces 2 démarches qui seront au final portées par une seule et même organisation (Max Havelaar) ?
La position d’Artisans du Monde
Depuis maintenant 40 ans, Artisans du Monde agit aux côtés des producteurs pour rétablir, dans l’économie mondiale, la primauté des droits humains sur les impératifs économiques. La généralisation du commerce équitable ne doit pas se faire uniquement par l’augmentation des volumes mais bien par l’intégration des critères du Commerce équitable dans les règles du commerce mondial qui s’appliqueraient ainsi de fait à l’ensemble des acteurs économiques. Cette exigence ne sera pas portée par les multinationales qui prospèrent sur ces règles injustes et qui n’ont donc, a priori, aucun intérêt à les remettre en cause. Ces nouveaux programmes n’entrent donc pas dans les objectifs globaux du commerce équitable tel que nous le portons.
Quel système de garantie pour demain ?
Si nous avons toujours affirmé notre soutien au travail de certification effectué par FTI sur nos filières, nous avons aussi toujours pointé du doigt les choix stratégiques opérés par cette organisation qui allaient à l’encontre de nos positionnements politiques.
Artisans du Monde souhaite garantir et défendre un commerce équitable respectant les valeurs de l’économie solidaire et le respect des droits humains au sud et au nord. C’est pourquoi, nous devrons très prochainement statuer sur la poursuite ou non de notre partenariat avec Fairtrade International. De plus, d’autres systèmes de garantie existent dont celui de World Fair Trade Organization (WFTO) que nous portons déjà. Enfin, nous réfléchissons à de nouvelles collaborations avec d’autres systèmes de certifications qui correspondent davantage à nos revendications.
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