Une réglementation clé pour lutter contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité qui constitue un défi de taille pour les petit·es producteur·rices de café et de cacao
Pourtant des solutions existent déjà : des entreprises de commerce équitable montrent que des filières traçables et durables sont possibles en misant sur des relations directes avec les coopératives de producteurs, l’équité des relations commerciales, le renforcement et l’autonomie des organisations de producteurs et la traçabilité.
A titre d’exemple, Guy Deberdt, DG de l’entreprise de chocolat biologique et équitable, Kaoka, témoigne « Nos partenariats de long terme avec les producteurs organisés au sein de nos filières nous ont permis d’anticiper la mise en application du règlement, de travailler avec elles sur la mise en place des outils de traçabilité et de co-construire un référentiel et des outils qui nous permettent d’être prêts pour la mise en application du RDUE ».
Cet exemple confirme les résultats de l’étude IDEF/BF Consult qui montre que les coopératives certifiées de commerce équitable et qui bénéficient de partenariats commerciaux stables et rémunérateurs sont celles qui sont le plus proches de la conformité aux exigences du RDUE.
Le rôle des certifications de commerce équitable (Fairtrade/MaxHavelaar, SPP ou encore Fair for Life) apparaît comme un facteur majeur de renforcement de capacité organisationnelles des coopératives et d’accompagnement d’un processus d’amélioration continue. Enfin, l’étude confirme le poids du levier économique : parmi les coopératives les plus proches de la conformité, on trouve en effet les coopératives qui bénéficient de contrats de commerce équitable et qui touchent une prime de développement. Celles-ci ont pu réaliser des investissements dans des dispositifs de traçabilité et des systèmes de gestion et d’information robustes et performants.
Une récente étude de Fairtrade International converge avec ces observations et révèle que leur certification de commerce équitable place les coopératives dans une meilleure position pour protéger la forêt et s’aligner avec les exigences du RDUE.
De son côté, le label de commerce équitable Symbole des Producteurs Paysans (SPP) rappelle lors de son assemblée générale du 12 septembre dernier que [les] “partenaires SPP ont été les précurseurs des principes qui ont récemment conduit la Communauté européenne à adopter la Loi Contre la Déforestation (EUDR). Avec sa nouvelle Norme Environnementale SPP, SPP Global confirme son engagement envers ce même but, sur la base des réalités des familles de petits producteurs”.
Pour José Tissier, président de Commerce Equitable France le report de la mise en application du RDUE pourrait aussi fragiliser les initiatives déjà prise dans le sens de la conformité : “Faisons en sorte que les acteurs économiques - parmi lesquels de nombreux acteurs engagés dans le commerce équitable - qui ont engagé des efforts significatifs pour lutter contre la déforestation ne soient pas sanctionnés économiquement car placés dans une situation de concurrence déloyale”.
Gérald Godreuil, délégué général de la Fédération Artisans du Monde rappelle d’ailleurs que "Sans attendre la mise en œuvre de la réglementation, les acheteurs et consommateurs soucieux de l’environnement et des droits sociaux peuvent déjà faire le choix de soutenir des filières équitables et engagées pour la lutte contre la déforestation".