Etats généraux de l'alimentation : AdM signe le courrier aux ministres.
le 20 juin 2017 par Fédération Artisans du Monde
le 20 juin 2017 par Fédération Artisans du Monde
Artisans du Monde s'investi depuis plusieurs années dans les grandes mobilisations pour promouvoir un autre modèle agricole et une autre alimentation qui s'appuient sur des pratiques agro-écologiques, une agriculture familiale et biologique. Nous menons ce plaidoyer avec de nombreux partenaires, ONG, syndicats, associations, et l'annonce de la future tenue d'états généraux de l'alimentation a éveillé en nous un vif intérêt.
Mais ce qui s'annonce nous parait loin des ambitions nécessaires pour ce grand chantier identifié par le nouveau gouvernement. Aussi, nous avons fait part de notre intérêt et de nos ambitions partagées aux ministres de la Transition écologique et solidaire, de l'Agriculture et de l'alimentation et au premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, Messieurs les ministres,
Vous avez confirmé l'organisation prochaine « d'États généraux de l'alimentation ». Nos différentes
associations, qui couvrent les champs de la ruralité, de la protection de l'environnement, de la protection animale, du développement agricole, de la consommation, de la santé et de la solidarité internationale, ont reçu cette annonce avec intérêt.
Nous demandons en effet depuis plusieurs années l'ouverture d'une véritable discussion ouverte et
prospective sur l'agriculture française et sur l'alimentation, destinée à renouveler ces activités dans
le cadre dynamique et responsable du XXI e siècle. Il est urgent et nécessaire de replacer l'agriculture et l'alimentation au cœur des questions sociétales, et de rappeler combien elles concernent tous les citoyens.
L'alimentation n'est pas un acte passif, ni un enjeu purement biologique : par l'agriculture, elle concerne l'aménagement des territoires et par conséquent les collectivités locales, la protection (ou hélas la destruction) de notre environnement vital, l'accès à une eau saine, la santé, le développement international, l'emploi, etc. Elle n'est possible que si les paysans peuvent disposer de terres fertiles, ce qui impose de poser la question de la préservation et de l'accès au foncier agricole. Nous devons en outre construire une agriculture moins dépendante des énergies fossiles, la transition énergétique passant aussi par l’agriculture ; des scénarios montrent qu'il est possible de diviser par deux les émissions agricoles de gaz à effet serre.
La crise des revenus agricoles est intimement liée à ces enjeux, et ne saurait être résolue que par leur prise en compte sincère et complète. Cette évidence est renforcée et prolongée par le fait qu'une immense majorité de Français réclament une réorientation profonde de l'agriculture (cf. la récente enquête d'opinion révélant que 86 % des Français souhaitent l'interdiction progressive des pesticides agricoles d'ici à 2025).
À ce titre, nous sommes très inquiets de récentes déclarations qui limiteraient ces « États généraux » à une simple négociation tripartite entre producteurs, transformateurs et distributeurs, où les citoyens n'auraient qu'un statut d'invités, c'est-à-dire d'observateurs secondaires, qui plus est restreint au seul rôle de « consommateurs ». S'il est bien sûr utile et nécessaire d'instaurer un dialogue entre les différents acteurs des filières agroalimentaires, se limiter à un tel cadre réduirait la question agricole à de simples affrontements catégoriels au sein des filières, et conduirait à évacuer l'indispensable débat de fond sur ses orientations. Nous osons le dire : ce serait un dévoiement du concept-même d'États généraux.
Nous espérons par conséquent que vous saurez dissiper rapidement ces inquiétudes, et garantir le
lancement d'un processus ouvert, associant impérativement l'ensemble des citoyens, via les
associations de protection de l'environnement et de défense des animaux, les professionnels de la santé, les associations de solidarité internationale, les organisations d'éducation populaire en milieu rural, les associations de consommateurs, des représentants des collectivités locales et la diversité syndicale du monde paysan, comme parties prenantes intégrales des États généraux de l'alimentation.
Parmi d'autres, nos organisations doivent être formellement invitées à participer aux discussions qui
vont s'engager, et nous sommes à votre disposition pour vous aider à les organiser en amont. La large palette de nos compétences et de nos nombreuses initiatives de terrain pourra vous être utile. Dans ce but constructif, nous nous permettons de solliciter une audience auprès de votre cabinet pour en discuter.
Il y a urgence à éclairer l'évolution de l'agriculture aux lumières des attentes sociales, des impératifs environnementaux et des avancées scientifiques. Nous comptons sur vous pour ne pas rater cette occasion historique de réconcilier agriculture, société et territoire.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier ministre, Messieurs les ministres, l'expression de notre très haute considération,
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