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Baisse de l’APD : La France actera-t-elle son abandon des populations les plus pauvres ?

le 11 octobre 2024 par Fédération Artisans du Monde

Coordination Sud signe une tribune avec plus d'une cinquantaine d'organisations, dont la Fédération Artisans du Monde, exprimant sa préoccupation quant à la baisse importante de l'Aide Publique au Développement.

 
Alors que le sommet de la Francophonie se tient à Paris et Villers-Cotterêts cette fin de semaine, Emmanuel Macron accueille une nouvelle fois des chefs d’État du monde entier. Nous, organisations de la société civile, nous interrogeons : quelle sera la prochaine promesse non tenue ?
 

Cette tribune est publiée en ligne sur Jeune Afrique.

 

Ces derniers mois, la France s’est tristement illustrée par son renoncement à faire preuve de solidarité auprès des populations les plus pauvres de la planète. Coupes budgétaires après coupes budgétaires, en quelques mois à peine, près de 2 milliards d’euros seraient amputés à l’Aide Publique au Développement (APD) si le nouveau gouvernement suit les lettres plafond établies par le gouvernement démis. La France, qui vient de marquer les esprits du monde entier par l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques symboles de solidarité et d’inclusion serait ainsi prête à sabrer plus d’un quart de ses financements à la solidarité internationale. Cela irait à l’encontre de la loi de 2021, votée à l’unanimité et des engagements internationaux de la France, mettant en péril le soutien à des millions de personnes vulnérables.

 

Nos organisations, chaque jour sur le terrain, font face aux ravages des inégalités et de la pauvreté partout dans le monde et se trouvent aujourd’hui désemparées et dans une incompréhension totale quant à ces récentes décisions. En effet, en 1970, la France s’était engagée devant l’ONU à mobiliser l’équivalent de 0,7% de son Revenu Nationale Brut (RNB) au profit de la solidarité internationale. Or, la France n’a jamais honoré cette promesse et semble même l’avoir oubliée puisque l’Aide Publique au Développement (APD) de la France a chuté à 0,5% de son RNB en 2023.

 

Pourtant, les besoins, eux, ne chutent pas. Ils s’accélèrent même dans certains pays face aux changements climatiques et la hausse des conflits armés. Dans le monde, 1 personne sur 9 souffre de la faim. 250 millions de filles et de garçons n’ont pas accès à la scolarité. Depuis plusieurs semaines, la propagation du virus Mpox mobilise plus que jamais les associations sur le terrain. Face à ce creusement des inégalités et au recul du respect des droits, l’APD est une grande part de la solution qui a depuis longtemps fait ses preuves. Au service d’une coopération en dehors des marchés financiers, l’APD fournit l’aide humanitaire, soutien des projets d’adaptation climatique, promeut les services sociaux ou bien renforce les organisations de la société civile. C’est un investissement essentiel pour notre avenir collectif, à toutes et tous.

 

Aujourd’hui, la France brandit son déficit pour justifier de nouvelles baisses de l’Aide Publique au Développement. Mais pour construire un budget, d’autres solutions que les coupes budgétaires existent. Alors qu’une partie de ses recettes est directement affectée à la solidarité internationale, la taxe sur les transactions financières est une solution idéale pour lever des fonds afin de soutenir les populations les plus vulnérables. Pourtant, si nos organisations ont applaudi sa mise en place en 2012, elles n’ont cessé de dénoncer les faiblesses de cet impôt à cause du maigre taux de 0,3% (contre 0,5% au Royaume-Uni) et de l’exemption du trading à haute fréquence. Un récent rapport, de l’ONG Action Santé Mondiale, a même prouvé que de graves failles dans le recouvrement de la TTF faisaient perdre entre 1 et 3 milliards d’euros à l’Etat chaque année ! La taxe de solidarité sur les billets d’avion représente elle aussi une mesure juste pour financer la solidarité internationale. Son barème pourrait être revu à la hausse, par exemple sur le modèle du Royaume-Uni, ce qui augmenterait de plus de 3 milliards d’euros supplémentaires par an ses recettes.

 

Alors que le gouvernement parle de dérapage budgétaire inattendu, la coupe annoncée dans le financement de la solidarité internationale est en réalité une décision politique majeure. Avec le Projet de loi de finances à venir, la France ne peut pas prendre la décision funeste de faire des économies sur le dos des plus vulnérables de cette planète. Au lieu du repli sur soi, la France peut réaffirmer sa volonté de soutenir les femmes et les hommes frappés par la pauvreté et imposer enfin une taxe sur les transactions financières ambitieuse qui sauve et change des vies. La France peut réaffirmer qu’elle est une nation qui mise sur la coopération entre les peuples et non un état qui piétine les valeurs de solidarité et d’humanité.

 

Organisations signataires : 

 

Action contre la faim, Aïcha Koraïchi, Présidente Action Education, Gilles Delecourt, Directeur général Action Santé mondiale, Patrick Bertrand, Directeur exécutif
ActionAid France, Luc De Ronne, Président Agrisud International, Joël Lebreton, Président Agronomes et Vétérinaires sans frontières, Christophe Chauveau, Directeur général
Agronomes et Vétérinaires sans frontières, Frédéric Apollin, Directeur général délégué AIDES, Camile Spire Présidente AIME, Diane Boulard, Responsable volontariat
Amref Health Africa France, Léon Josselin, Délégué général APDRA Pisciculture paysanne, Delphine Lethimonnier, Directrice Asmae – Sœur Emmanuelle, Adrien Sallez, Directeur général
Association La Voute nubienne, Sylvia Maeght, Directrice adjointe Batik International, Pauline De La Cruz, Présidente Bioport, Nicolas Petit, Directeur général
Care France, Emanuela Croce, Codirectrice Care France, Alexandre Morel, Codirecteur CARI, Patrice Burger, Président
CartONG, Claire Chaillou-Gillette, Présidente CCFD-Terre Solidaire, Virginie Amieux, Présidente CLONG-Volontariat, Daniel Verger, Président
Coalition Eau, Sandra Metayer, Coordinatrice Coalition Éducation, Léa Rambaud, Coordinatrice Coalition PLUS, Vincent Leclercq, Directeur général
Comité français pour la solidarité internationale, Anne-Françoise Taisne, Déléguée générale Commerce équitable France, Julie Stoll, Déléguée générale Coordination des associations guinéennes de France (CAGF), Daouda Conté, Président
Experts-Solidaires, Éric Buchet, Président

 

Fédération Artisans du monde, Yannick Anvroin, Administrateur et membre du bureau collégial Fédération des associations guinéennes en Hauts-de-France, Alhassane Diallo, Président
Fédération Léo Lagrange, Elora Hervé, Responsable des programmes internationaux FIDH, Eléonore Morel, Directrice générale Fondation Danielle Mitterrand, Gilbert Mitterrand, président
Fondation Une santé durable pour tous, Benoit Miribel, Président

 

Forim, Mackendie Toupuissant, Président Geres, Laurence Tommasino, Déléguée générale
GRDR Migration-Citoyenneté-Développement, Jean-Marc Pradelle, Président Gret, Luc Arnaud, Directeur général Groupe Initiatives, Marie-Noëlle Reboulet, Présidente
Habitat Cité, Marie Pascal, Directrice

 

Habitat Cité, Amadou Diouldé Barry, Coordinateur administratif et financier Hamap-Humanitaire, Martine Gernez, Présidente
Handicap International, Manuel Patrouillard, Directeur général

 

Helen Keller Europe, Alix de Nicolay, Directeur général Initiative Développement, Agnès Rossetti, Présidente

 

Inter Aide, Lionel Combey, Directeur

 

Iram, Henri Leturque, Directeur Kynarou, Sophie Lehideux, Directrice
Ligue des Droits de l’Homme, Nathalie Tehio, Présidente

 

Le Partenariat, José Mariage, Directeur général Les Amis des Enfants du monde, Béatrice Musseau, Présidente
Médecins du monde, Jean-François Corty, Président

 

ONE, Stephan Exo-Kreischer, Directeur exécutif Europe Oxfam France, Cécile Duflot directrice générale
Partage avec les enfants du monde, Yolaine Guérif, Directrice générale

 

Plan International France, Anne Bideau, Directrice générale Planète Enfants & Développement, Véronique Jenn-Treyer, Directrice
Planning familial, Sarah Durocher, Présidente

 

Plateforme des associations congolaises de France, Kilema Kaminimini, vice-président Samusocial International, Jacques Carles, Président
Santé Sud, Benjamin Soudier, Directeur général

 

Secours catholique-Caritas France, Adelaïde Bertrand, Déléguée générale Seves, Romain Desvalois, Délégué général
Sidaction, Florence Thune, Directrice générale

 

SOL, Alternatives agroécologiques et solidaires, Audrey Boullot Codirectrice Solidarité laïque, Anne-Marie Harster, Présidente
Solidarités International, Kevin Goldberg, Directeur général

 

Solthis, Serge Breysse, Directeur général SOS Villages d’enfants, Isabelle Moret, Directrice générale
Terre des Hommes France, Didier Vaubaillon, Président

 

Triangle Génération humanitaire, Stanislas Bonnet, Directeur général Un Enfant par la main, Maud Lhuillier, Directrice
WWF France, Véronique Andrieux, Directrice générale

 

 

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