#50ANS : TÉMOIGNAGE DE LISE TREGLOZE
le 2 octobre 2024 par Fédération Artisans du Monde
le 2 octobre 2024 par Fédération Artisans du Monde
A l'occasion du cinquantième anniversaire d'Artisans du Monde, nous souhaitons mettre en lumière les personnes qui ont contribué à faire de notre mouvement un modèle novateur, durable et progressiste. Pendant cinquante ans, vous avez toutes et tous contribué au rayonnement de notre association. C'est pourquoi, chaque mois tout au long l’année, nous partagerons avec vous le témoignage d'une personnalité emblématique ayant joué un rôle historique au sein d'Artisans du Monde.
Pour continuer cette série, nous vous invitons à découvrir Lise Trégloze, ancienne salariée de la Fédération Artisans du Monde, de 2005 à 2020.
De ces récits inspirants, nous souhaitons aussi remercier ces personnes et tous les membres d’Artisans du Monde qui ont été et qui continuent d’être une véritable force pour le commerce équitable.
Qui êtes-vous et quel est votre lien avec Artisans du Monde ?
Je suis Lise Trégloze. Je suis doctorante en sciences de l’éducation à l’université de Rennes 2. Je travaille au CREAD (Centre de Recherche sur l’Education, les Apprentissages et la Didactique). J’ai été salariée à la Fédération Artisans du Monde de 2005 à 2020. Je suis arrivée toute jeune à Artisans du Monde, j’ai fait plusieurs postes dans l’association. En 2005 le commerce équitable n’était pas aussi connu mais j’en avais entendu parlé dans mes études en économie du développement et dans mes premiers stages et missions auprès d’ONG.
Au début, j’ai travaillé sur la gestion des commandes d’outils pédagogiques, à l’époque nous en avions beaucoup. Je me suis investie sur la diffusion et la commercialisation de ces outils pédagogiques. Cette mission avait un côté technique (gérer le site de vente des outils, gérer les commandes) mais aussi politique car pour vendre les outils je devais les connaître. Ce sont les outils pédagogiques qui m’ont fait rentrer dans l’éducation au commerce équitable. Je suis ensuite passée chargée de communication interne où j’ai travaillé sur le premier intranet de l’association, qui a par la suite bien évolué et sur la lettre d’info mensuelle. En 2007, j’ai pris le poste de responsable éducation, que j’ai occupé jusqu’à 2020. Au final, l’éducation a vraiment été mon identité à Artisans du Monde pendant 13 ans.
J’ai quitté mon poste en 2020 car j’avais envie de nouvelle expérience et de creuser la réflexion sur cette mission d’éducation au commerce équitable. C’est pourquoi j’ai repris des études en science de l‘éducation. Aujourd’hui je fais une thèse sur l’expérience de l’éducation au développement durable au lycée en Bretagne. C’est une continuité de ce que j’ai pu vivre à ADM.
Quel a été votre souvenir le plus marquant ?
Il y a deux choses qui m’ont particulièrement marqué à AdM : Les partenaires producteurs et les bénévoles.
Pour vous, quelles sont les victoires remportées par Artisans du Monde en 50 ans ?
AdM existe encore ! Alors que le commerce équitable s’est énormément professionnalisé mais pas forcément à la manière d’ADM... Le commerce équitable s’est développé dans les grandes filières agricoles, dans les grands espaces de vente des supermarchés. Ce n’est pas forcément l’image du développement du commerce équitable qu’AdM souhaite, on préfèrerait avoir plein de petites boutiques de proximité partout et plus soutenir l’artisanat.
Et même si AdM perd des adhérents ou des boutiques, c’est un réseau encore signifiant. C’est un réseau résiliant et qui a réussi à maintenir ce qui pour moi est l’identité du commerce équitable.
Une victoire est aussi au niveau de la loi. La reconnaissance que le CE n’est pas uniquement Nord-Sud mais que c’est un secteur économique alternatif en tant que tel. ADM a énormément contribué à l’émergence de cette loi 2014 de l’ESS, souvent en sous-marin, mais avec un vrai travail de fond. L’éducation est d’ailleurs inscrite dans ces lois comme faisant partie de l’identité du commerce équitable.
Que souhaitez-vous à Artisans du Monde pour ces 50 prochaines années ?
Il y a une blague qu’on aime bien faire dans le commerce équitable, c’est que notre but c’est de ne plus exister, que le commerce soit 100% équitable, et qu’il n’y ait pas besoin de mettre une étiquette « équitable » sur nos produits mais qu’ils soient la norme.
Il ne faut pas oublier qui on est, mais réussir à tourner des pages pour avancer. Pour cela il faudra sans doute réparer les malentendus au sein de notre filière (Fédé-réseau-Solidar’Monde). Il faut se concentrer sur ce qui nous fait vibrer, car chacun vient à AdM pour quelque chose en particulier. Certains viennent pour la solidarité internationale, le féminisme, l’écologie, la Palestine, l’envie de développer les débouchés…
Nous avons un réseau qui nécessite d’avoir beaucoup de personnes investies et nous sommes présents dans une grande diversité de territoire. Je pense que les lieux des boutiques AdM gagneraient à être des lieux d’accueil pour d’autres types de personnes, qui pourraient avoir besoin d’un lieu comme Artisans du Monde. Par exemple des lycéens qui ont besoin de faire des stages ou des migrants qui ont besoin de se faire du réseau, de parler français.
Lise Tregloze
Ce site utilise des cookies pour mesurer l’audience et vous offrir la meilleure expérience. En poursuivant votre navigation sans modifier vos paramètres, vous acceptez leur utilisation. En savoir plus J'accepte